
Les voix de l’Église catholique s’élèvent une nouvelle fois contre l’insécurité persistante en Ituri. Soixante-seize prêtres de la Fraternité des prêtres séculiers de Bunia ont, dans une déclaration publique, exigé la levée immédiate de l’état de siège, en vigueur depuis plusieurs mois.
D’après eux, cette mesure exceptionnelle, censée ramener la paix, a plutôt coïncidé avec une recrudescence des violences. Depuis juillet 2025, la province connaît une escalade de tueries, arrestations arbitraires, extorsions, tortures et menaces visant directement les communautés locales.
Les religieux dénoncent également des attaques contre des symboles de foi. Ils citent notamment le saccage de la paroisse Saint Jean de Capistran à Lopa par les miliciens CODECO, l’attaque attribuée aux ADF contre la paroisse Bienheureuse Anuarite de Komanda, qui avait coûté la vie à 43 fidèles, ainsi que la profanation récente de la Propédeutique Saint Kizito de Bunia.
Face à ces exactions, les prêtres réclament la mise en place d’enquêtes indépendantes et crédibles pour juger tous les responsables, sans distinction. Ils appellent aussi les Forces Armées de la RDC à intensifier leurs opérations contre l’ensemble des groupes armés.
Concernant la présence de la MONUSCO, les religieux se montrent catégoriques : ils demandent son départ d’Ituri, estimant que les casques bleus ont échoué à remplir leur mission de protection des civils.
Dans un message pastoral, ils exhortent enfin les miliciens à déposer les armes et invitent les fidèles catholiques à redoubler de prières pour la paix et la réconciliation dans la province.
En réaction, la MONUSCO a tenu à rappeler qu’elle agit dans le cadre d’un mandat limité défini par le Conseil de sécurité des Nations-Unies, et qu’elle ne détient pas de pouvoir exécutif indépendant mais travaille en appui aux autorités Congolaises.
Cette prise de position traduit le ras-le-bol croissant de la population Iturienne, qui peine à percevoir les résultats concrets de l’état de siège et réclame une réponse urgente à la crise sécuritaire.
Diddy MASTAKI