La province de l’Ituri, dans l’Est de la République Démocratique du Congo, traverse une grave crise sécuritaire. La Société Civile Forces Vives de l’Ituri rapporte de pillages et d’incendies qui plongent la population dans un climat de peur et d’incertitude.
Depuis le 27 juin 2025, plus de 127 personnes ont été tuées, plusieurs dizaines blessées et des centaines de têtes de bétail pillées lors des attaques attribuées à des groupes armés tels que CODECO, ADF, FPIC, FRPI et d’autres milices locales. Ces incidents ont touché les territoires de Djugu, Irumu, Mambasa, Boga, Gina et plusieurs quartiers de la ville de Bunia.
La situation a été particulièrement dramatique à Djangi, où un massacre de déplacés par la milice CODECO a marqué le début de cette spirale de violence. Depuis, les attaques se sont multipliées, incluant assassinats ciblés dans les quartiers de Bunia, pillages de boutiques et fermes, incendies de maisons et de véhicules, et arrestations massives de civils assimilés à tort à des miliciens.
Selon l'Ir. Dieudonné Lossa, coordonnateur de la Société Civile Forces Vives de l’Ituri, « la population est livrée à elle-même. Les civils subissent des violences à proximité des positions de l’armée congolaise et des forces de la MONUSCO, sans protection effective. Le véritable problème sécuritaire de l’Ituri semble ignoré ».
Le bilan provisoire communiqué par l’organisation inclut également deux femmes victimes de viol, 103 vaches et plus de 320 chèvres ou moutons pillés, ainsi que 13 boutiques, 8 maisons et 7 véhicules incendiés. Cette situation a provoqué une psychose généralisée, des perturbations économiques et des pénuries alimentaires dans la ville de Bunia, avec notamment la fuite de plusieurs opérateurs économiques et la grève des transporteurs de produits pétroliers.
La Société Civile dénonce par ailleurs ce qu’elle considère comme une légitimation implicite de groupes armés par certaines autorités et demande aux forces de sécurité de distinguer strictement civils et miliciens lors de leurs opérations. Cette organisation citoyenne appelle également à renforcer la collaboration civilo-militaire et à enquêter sur les sources d’armement des groupes armés qui continuent d’opérer impunément.
Dans une série de recommandations adressées aux autorités, la Société Civile invite le Président Félix Tshisekedi à assurer la protection effective de la population et à tenir des audiences publiques sur place avant tout transfert judiciaire vers Kinshasa. Elle demande au gouverneur militaire de l’Ituri d’arrêter les auteurs des crimes et d’organiser des chambres foraines pour les juger. Enfin, elle encourage la population à collaborer avec les services de sécurité en dénonçant les instigateurs de violences et les manipulateurs diffusant des messages de haine et de division.
Cette alerte intervient alors que la communauté internationale suit de près l’évolution de la situation dans l’Est de la RDC, déjà marquée par des décennies de conflits armés. Pour la Société Civile Forces Vives de l’Ituri, le temps presse : sans intervention immédiate et concertée, la crise sécuritaire risque de s’aggraver, accentuant la vulnérabilité d’une population déjà traumatisée.
Joël Heri Budjo