
Dès sa nomination à la tête du Ministère de la Justice, Guillaume Ngefa a fait un choix clair, comme le souligne Me. Prince Lukeka dans sa tribune : celui de la rupture. Il a délibérément renoncé à la tiédeur d'une gestion routinière pour s'engager sur le chemin escarpé de la réforme. C'est un chemin qui requiert bien plus que de l'administration ; il exige le courage d'affronter de front les habitudes de corruption, de démanteler les réseaux souterrains et de briser les connivences établies qui gangrènent notre système.
La décision de suspendre, durant cinq semaines, la délivrance de certains actes administratifs n'est pas une mesure de confort bureaucratique. C'est, affirme Me. Lukeka, un acte de rupture solennel. Elle proclame que l'État ne tolérera plus que ses sceaux soient livrés au trafic comme de simples objets de commerce. Ce geste fort rappelle à tous que tout acte portant l'autorité de la République engage, au-delà du droit, l'honneur même de la Nation.
Cet acte de redressement a, bien sûr, suscité le tumulte. L'épisode du mardi 29 septembre 2025 pneus incendiés, bureaux assiégés, coupure d'électricité en est la preuve. Mais, insiste l'auteur de la tribune, les Congolais ne devraient pas être dupés par ce vacarme. Derrière la fumée des barricades se révèle la peur panique de ceux qui, privés de leurs pratiques illicites, cherchent à pérenniser le règne du désordre.
Me. Lukeka reconnaît l'existence d'un malaise social légitime, lié notamment aux primes impayées, mais il est catégorique : ce malaise n'autorise ni la violence, ni le sabotage. La distinction entre la revendication sociale et la subversion intéressée est au cœur de l'œuvre de justice que le Ministre s'emploie à accomplir avec la fermeté que commande sa charge et la mesure qu'exige l'équité.
Que nul ne s'y trompe, prévient Me. Lukeka. L'homme qui incarne aujourd'hui cette fonction n'est pas un acteur de décor, mais un protagoniste de fond. Guillaume Ngefa est un juriste aguerri et un catholique bien élevé, courtois et respectueux. Pourtant, cette humanité n'exclut pas la rigueur. Face à la nécessité de décider conformément au Droit, il se montre ferme et intransigeant, quitte à bousculer des intérêts établis.
Pour lui, la lutte contre la corruption n'est ni une rhétorique, ni une posture politique. C'est un combat de conviction, une bataille de conscience. Son parcours parle : fondateur de l'ASADHO, artisan de la vérité, expert respecté aux Nations unies, il a toujours choisi la vérité plutôt que la facilité du compromis. Son retour en RDC n'est pas dû à la nostalgie, mais à la résolution ferme de consacrer à l'État l'expérience acquise loin des compromissions. Le fait que des réseaux corrompus se dressent aujourd'hui contre lui est la preuve qu'il touche enfin au cœur du mal.
La suspension provisoire des actes n'est que le prélude d'un chantier bien plus vaste qui s'esquisse, détaille Me. Lukeka. L'architecture de la refondation judiciaire vise à faire du Ministère le sanctuaire de l'État de droit et s'articule autour des priorités suivantes : La lutte implacable contre la corruption et l'impunité, l'élaboration d'une nouvelle cartographie judiciaire pour briser le "désert" où tant de nos concitoyens demeurent sans juge, l'adoption des réformes législatives attendues, allant du parquet financier à la modernisation du code pénal, l'amélioration des conditions carcérales, afin que la peine cesse d'être une humiliation pour redevenir une sanction, la modernisation administrative par la numérisation et la sécurisation, pour que le droit ne soit plus englouti dans les lenteurs et les falsifications.
L'histoire de la RDC est une leçon, conclut Me. Lukeka : la force des intérêts particuliers finit toujours par céder devant la constance du droit. La Justice est le miroir de la République. Lorsqu'elle se purifie, c'est l'édifice tout entier qui se redresse.
Guillaume Ngefa a choisi la purification. Ce choix bouscule les profiteurs, mais il honore le peuple. Aux agents intègres de la Justice, il rappelle que la fonction publique n'est pas une rente mais un service. À l'opinion, il offre l'espérance que les actes de demain auront la clarté de la vérité et la dignité du droit.
"Lorsque les commentateurs de l'avenir reliront ces semaines troublées," écrit Me. Lukeka, "ils ne retiendront pas l'agitation des barricades, mais la décision d'un Ministre qui plaça l'exigence de justice au-dessus des pressions et des calculs. Ils écriront qu'il osa ce pari rare et nécessaire : rendre justice à la Justice."
Daudi Amin