
La tenue prochaine du procès de Roger Lumbala devant la cour d’assises de Paris suscite une vive polémique entre la France et la République démocratique du Congo (RDC). L’ancien ministre, député et sénateur congolais est poursuivi pour des faits qualifiés de complicité de crimes contre l’humanité, liés à la deuxième guerre du Congo (1998-2003), l’un des conflits les plus meurtriers de l’histoire contemporaine africaine.
Dans un communiqué de presse publié le 07 octobre 2025, les avocats de Roger Lumbala dénoncent la manière dont la France utilise la compétence universelle, prévue à l’article 689-11 du Code de procédure pénale, pour juger des faits commis sur le sol congolais. Selon eux, cette procédure, de nature strictement subsidiaire, ne devrait s’appliquer qu’en l’absence de poursuites engagées par la RDC ou la Cour pénale internationale.
« En évinçant la volonté d’un État souverain de juger l’un de ses ressortissants pour des faits sur son sol, la France détourne le mécanisme de sa finalité originale et s’octroie un permis d’ingérence judiciaire », dénoncent les avocats dans le communiqué.
Depuis 2013, la RDC a adressé une demande d’extradition formelle de Roger Lumbala, renouvelée en mars, juin et septembre 2025, mais celle-ci reste sans réponse des autorités françaises. Selon les avocats, ce silence constitue une atteinte au principe de subsidiarité, remet en cause la souveraineté judiciaire de la RDC et soulève des questions sur le respect du droit international.
Le communiqué détaille plusieurs points d’inquiétude. Sur le plan juridique, il s’agit d’une violation du droit international et d’un abus de la compétence universelle. Sur le plan politique, la procédure reflète une vision déséquilibrée des relations internationales et constitue une atteinte à la souveraineté congolaise. Enfin, en termes de droits de la défense, l’instruction est menée à distance, à plus de 8 000 km des événements, sans qu’aucun enquêteur ne soit dépêché sur place.
Les avocats de Roger Lumbala appellent les autorités Françaises à reconnaître la compétence de la RDC pour juger les faits. Ils demandent également de répondre officiellement à la demande d’extradition et de mettre fin à une procédure qu’ils jugent illégitime et dépourvue de fondement légal.
Pour les défenseurs de Roger Lumbala, ce procès n’a pas lieu d’être à Paris, dénonçant ce qu’ils qualifient de néo-colonialisme judiciaire, où la France se réserve le droit de juger des affaires relevant des compétences naturelles de la RDC.
La polémique souligne les tensions entre justice universelle et souveraineté des États et promet d’alimenter le débat international sur la manière dont les pays occidentaux exercent leur compétence pour juger des crimes commis à l’étranger.
Diddy MASTAKI