
L’ancien Président de la République Démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a annoncé depuis Naïrobi le lancement d’une nouvelle plateforme politique intitulée « Sauvons la RDC ». Cette initiative rassemble plusieurs personnalités politiques influentes, dont l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, et vise à peser sur le paysage politique Congolais à l’approche des prochaines échéances électorales.
Cette annonce survient quelques semaines après la condamnation par contumace de Joseph Kabila, prononcée le 30 septembre 2025 par la haute cour militaire de Kinshasa. L’ancien Président, absent lors du procès et vivant en exil depuis 2023, a été reconnu coupable de trahison et de crimes de guerre, notamment pour sa prétendue collaboration avec le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, qui a pris le contrôle de plusieurs villes de la partie Est de la RDC. La peine prononcée inclut la peine de mort et le paiement de 50 milliards de dollars de dommages et intérêts à l’État Congolais et aux victimes.
Le verdict a immédiatement exacerbé les tensions politiques internes. Le gouvernement de Félix Tshisekedi a salué la décision comme une « victoire pour la justice », tandis que les partisans de Kabila dénoncent une manœuvre politique visant à éliminer un adversaire majeur. Cette polarisation reflète une fracture profonde au sein de la classe politique Congolaise, entre ceux qui soutiennent l’ancien régime et ceux qui appuient le gouvernement actuel.
Une question de géopolitique
1. Maintien de l’influence politique depuis l’exil : Le lancement de « Sauvons la RDC » à Nairobi montre que Kabila continue d’exercer une influence politique notable, malgré sa condamnation et son éloignement physique du pays. Cette plateforme pourrait servir de levier pour mobiliser des alliances régionales et internationales ;
2. Renforcement de la polarisation interne : La participation de figures clés comme Matata Ponyo illustre la volonté de J. Kabila de rassembler des partisans du régime précédent pour créer une force politique capable de défier le gouvernement en place. Cette dynamique pourrait accentuer les tensions à l’approche des prochaines élections ;
3. Implications régionales et internationales : La RDC est déjà au centre des enjeux de sécurité dans la région des Grands-Lacs. L’exil de Kabila en Afrique de l’Est, notamment au Kenya, pourrait transformer la région en un foyer d’influence politique et stratégique. La communauté internationale, en particulier les partenaires régionaux et les institutions de sécurité, suivra de près les développements, notamment les relations avec le Rwanda et la gestion de la crise humanitaire dans l’est du pays ;
4. Impact sur la stabilité nationale : La condamnation de Kabila pourrait renforcer ses partisans et stimuler la mobilisation autour de sa nouvelle plateforme, mais elle comporte également le risque d’une intensification des divisions politiques internes. Le chemin vers une stabilité durable en RDC reste donc incertain.
En somme, le lancement de « Sauvons la RDC » marque un tournant pour l’ancien Président, qui cherche à maintenir sa pertinence politique malgré la condamnation militaire. Le développement de cette plateforme sera déterminant pour l’évolution de la scène politique congolaise et pourrait redéfinir les rapports de force dans la région des Grands-Lacs.
Diddy MASTAKI