
Le calme n’aura été que de courte durée à Mugote, un groupement situé au sud de l’île d’Idjwi, sur le lac Kivu, entre Goma et Bukavu. Le lundi 12 mai matin, de nouveaux crépitements de balles ont semé la panique générale au marché local, alors que la population tentait de s’opposer aux taxes illégales et exorbitantes imposées par les rebelles du M23, qui contrôlent désormais cette partie du territoire.
Selon plusieurs témoins sur place, des altercations ont éclaté entre les civils et les éléments du M23 lorsque des marchands ont refusé de s’acquitter de certaines redevances jugées injustes et inaccessibles. En réponse, les rebelles auraient tiré à balles réelles pour disperser la foule, provoquant une fuite désordonnée dans les allées du marché.
« Même un malade qui vient juste récupérer une poule doit payer 1 500 Francs Congolais, une canne à sucre est taxée à 1 000 FC. C’est insupportable ! », dénonce un habitant visiblement choqué.
La population locale affirme que ces prélèvements dépassent largement les revenus journaliers des petits commerçants, déjà fragilisés par l'insécurité et la pauvreté ambiante.
Les taxes imposées par les rebelles ne sont ni réglementées ni uniformes. Elles varient selon les produits ou les activités, souvent fixées de manière arbitraire. En l’absence d’un contrôle étatique, les exactions économiques se multiplient, asphyxiant un peu plus les communautés locales.
La situation à Mugote est le reflet d’une gouvernance parallèle imposée par les groupes armés, qui profitent de l’isolement géographique et de la faiblesse de l’autorité de l’État pour asseoir leur domination par la peur et la pression économique.
Les habitants de Mugote lancent un appel urgent aux autorités congolaises et à la communauté internationale pour mettre fin à ces pratiques et restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble de l’île d’Idjwi.
Diddy MASTAKI