
À l’occasion de la tenue de la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9), une réflexion s’impose : pourquoi le continent Africain est-il aujourd’hui au centre de tant de sommets et de forums internationaux ?
Dans une tribune dominicale de ce 24 août, l’auteur, Julien Paluku Kahongya, arrivé récemment au Japon pour assister à la cérémonie d’ouverture de la TICAD, invite à s’interroger sur la multiplication des rencontres de haut niveau consacrées à l’Afrique : sommets USA-Afrique, Russie-Afrique, Chine-Afrique, Inde-Afrique, Japon-Afrique… La question demeure : « Pour quel intérêt ? »
Selon l’analyse, deux grands cadres de référence expliquent cet engouement. D’une part, l’Agenda 2030 de l’ONU, adopté en 2015, qui fixe 17 Objectifs de développement durable (ODD) visant à éradiquer la pauvreté, réduire les inégalités et protéger la planète. D’autre part, l’Agenda 2063 de l’Union Africaine (UA), conçu comme une feuille de route pour transformer l’Afrique en une puissance mondiale prospère, unie et pacifique d’ici son centenaire.
« C’est à la suite de ces deux agendas que l’Afrique est devenue intéressante », souligne la tribune. L’auteur note que les puissances étrangères cherchent à se positionner : certaines pour se racheter du passé, d’autres pour dominer, et d’autres encore par volonté sincère de contribuer au développement d’un continent dont l’abondance des richesses contraste avec la précarité de ses populations.
Les motivations stratégiques derrière ces conférences sont multiples : des intérêts économiques et commerciaux, avec un marché de près de 1,4 milliard de consommateurs ; une influence politique et géopolitique, les grandes puissances utilisant ces forums pour accroître leur présence ; une concurrence stratégique, chaque acteur cherchant à devenir le partenaire privilégié de l’Afrique.
Pour l’Afrique, ces rencontres offrent des avantages non négligeables : mobilisation de financements, transfert de technologies, diversification des partenariats. Mais le danger demeure celui de solutions importées, mal adaptées aux réalités locales.
La tribune insiste : « Le copier-coller serait fatal. Pour réussir, l’Afrique doit combattre la corruption et asseoir une gouvernance de qualité. Chaque dirigeant devrait avoir l’Agenda 2063 sur sa table, comme boussole ».
Loin d’être de simples passe-temps diplomatiques, ces conférences sont vues comme un moteur d’apprentissage et d’ouverture. Mais elles n’auront de sens, conclut l’auteur, que si elles s’accompagnent d’une réelle volonté d’agir, de quitter le confort des discours et de s’engager dans des réformes profondes.
Diddy MASTAKI