
La vie religieuse Congolaise continue de se diversifier à un rythme spectaculaire. En l’an 2000, le pays comptait environ 2.000 organisations religieuses. Aujourd’hui, elles seraient près de 20.000, selon plusieurs rapports. Cette multiplication traduit l’ingéniosité Congolaise, déjà manifeste dans la musique, le sport, le théâtre et désormais sur les réseaux sociaux.
Dans une réflexion publiée dimanche 17 août, des voix s’élèvent pour inviter ces organisations religieuses à aller au-delà de la quête spirituelle et à participer activement au développement économique.
Une force financière dormante
L’idée repose sur un calcul simple. Si chacune des 20.000 structures religieuses apportait une offrande annuelle de 1.000 dollars, un fonds de 20 millions USD pourrait être constitué chaque année. Géré par un comité exécutif, ce fonds permettrait de financer des micro-entreprises et des initiatives locales, créant ainsi une dynamique nouvelle de développement.
En cinq ans, ces efforts pourraient générer des centaines de start-up évaluées à près de 100 millions USD et offrir des emplois aux fidèles. En vingt ans, les contributions cumulées atteindraient environ 400 millions USD, tout en transformant profondément l’économie locale. Déjà, certaines églises traditionnelles ont montré l’exemple en bâtissant écoles, centres de santé et infrastructures de base.
Foi et développement : une synergie possible
Le débat ne manque pas de références historiques et philosophiques. Jean Paul II rappelait que « c’est de la foi qu’il faut partir pour pratiquer la charité ». De son côté, le sociologue Max Weber démontrait, dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, que certaines doctrines religieuses pouvaient encourager des comportements favorables au développement économique.
À l’inverse, Karl Marx, qui qualifiait la religion d’« opium du peuple », reste souvent cité par les critiques qui considèrent que les confessions religieuses immobilisent les masses plutôt que de les pousser vers l’action.
Ne pas remplacer l’État, mais le compléter
Les analystes insistent toutefois sur la complémentarité. « Il ne s’agit pas de se substituer à l’État », souligne la réflexion. Si l’État s’appuie sur les impôts et taxes pour financer ses actions, les églises disposent d’offrandes et de contributions volontaires. Dans les deux cas, la redevabilité et la bonne gouvernance doivent être de mise.
Une piste de réflexion pour l’avenir
Cette proposition suscitera inévitablement débats et critiques, positives comme négatives. Mais elle met en lumière une réalité : dans un pays où la foi occupe une place prépondérante, les organisations religieuses disposent d’un potentiel économique qui pourrait être orienté vers le bien commun.
« Sauver les âmes ne signifie pas immobiliser les fidèles pendant des journées entières sans travailler, mais les pousser au contraire vers des initiatives concrètes issues de leurs propres contributions », rappelle le texte.
Et si, demain, les églises congolaises devenaient aussi des catalyseurs du développement national ?
Diddy MASTAKI