
Alors que les Gouvernement de la République Démocratique du Congo et du Rwanda s’emploient pour la mise en œuvre de l’Accord de paix de Washington, un retour progressif des familles issue de la Communauté Hutu s’observe depuis jeudi dans le sud du territoire de Lubero, en province du Nord-Kivu (en RDC).
Dix (10) ans après, ces retournés sont réinstallés sous la facilitation des rebelles de l’AFC/M23 en groupements Tama et Itala, en chefferie des Batangi. Des sources locales rapportent environ trente (30) familles de la communauté Hutue qui ont regagné les villages Mbwavinya, Luhanga, Kyuto, Pita Kongo et Lutalika.
Lors de la cérémonie de réinstallation jeudi 31 juillet à Luofu, quelques retournés ont été présentés par l’administration rebelle.
« Je suis né ici à Pita Kongo. J’ai fait 30 ans en déplacement », déclare un retourné.
Leur fuite était due aux conflits d’ordre communautaire et de cohabitation qui avaient secoué le sud de Lubero il y a environ dix (10) ans.
« Nous avons vécu ici avec nos, parents, frères et sœurs, nous avons fait le champ,… Mais quand la guerre a surgi nous étions obligés de fuir », explique un autre membre de la communauté Hutue.
Un retour non encadré par des mécanismes légaux
Ce retour suscite des controverses dans la région au regard du contexte sécuritaire. Certaines opinions le considèrent comme la matérialisation du « plan de supplantation des populations » longtemps dénoncé par certains leaders du Nord-Kivu.
Mais la société civile coordination territoriale déplore, quant à elle, la violation de la procédure de la réinstallation. D’après les forces vives, ce retour devrait être encadré par les mécanismes internationaux légaux en la matière.
« Leur retour c’est dans la logique de vouloir violer l’accord de Washington qui demande que le retour soit volontaire, pacifique et supervisé par les organismes compétents, dont le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, HCR, le Comité International de la Croix Rouge, CICR, les Gouvernements de la RDC et du Rwanda », fustige Muhindo Tafuteni, président de la société civile de Lubero.
L’Accord de paix signé par la RDC et le Rwanda prévoit le retour volontaire et sécurisé des réfugiés et déplacés internes, ainsi que l’amélioration de l’accès humanitaire dans les zones affectées, en consortium avec des organismes internationaux.
La société civile invite le pouvoir de Kinshasa et les Nations-Unies à s’impliquer pour prévenir tout conflit lié à la réinstallation précipitée des membres de la communauté hutue.
Martin Leku