La ville de Goma traverse l’une de ses périodes les plus sombres sur le plan sécuritaire. Entre le 25 avril et le 10 mai 2025, 15 personnes ont été tuées, 110 maisons attaquées ou visitées, 9 corps sans vie découverts, 4 cas d’enlèvement signalés, 6 blessés par balles, 3 cas de justice populaire, 1 cas de pendaison volontaire. Ce sombre tableau, documenté par des structures locales et des organisations de jeunes dans les communes des Goma et Karisimbi, témoigne d’un climat de terreur et d'insécurité grandissante.
Selon les données recueillies, les quartiers les plus touchés dans la commune de Karisimbi sont Mugunga, Ndosho, Kasika, Mabanga Sud et Nord, ainsi que Bujovu. Dans la commune de Goma, les quartiers de Lac-Vert, Kyeshero, Himbi, Katindo et Mapendo sont les plus affectés. Les attaques ont été menées par des hommes armés, souvent vêtus de tenues militaires, identifiés comme des éléments du mouvement rebelle AFC-M23 et leurs alliés, mais aussi par d’autres groupes armés urbains, y compris d’anciens prisonniers de Munzenze et des criminels assimilés aux Wazalendo.
La prise de la ville par les forces du M23 n’a pas mis fin à l’insécurité. Au contraire, elle semble avoir favorisé une recrudescence de la violence, avec une multiplication des actes de banditisme, de règlements de comptes, et de justice populaire. Malgré la présence militaire du M23 dans la ville, les autorités peinent à rétablir l’ordre et à garantir la sécurité des civils.
Le cas des 9 corps sans vie retrouvés à Himbi, Kyeshero et Ndosho, notamment, soulève des inquiétudes sur l’intensification des crimes anonymes et l’absence d’enquêtes sérieuses. Par ailleurs, le cas de pendaison enregistré s’ajoute à la détresse psychologique croissante d’une population qui vit dans la peur, sans accès à un soutien psychosocial approprié.
Les structures citoyennes locales déplorent également la montée des cas de justice populaire, notamment dans la commune de Karisimbi, révélant le désespoir des habitants face à l’absence d’un système judiciaire fonctionnel. Bien que ces cas aient légèrement diminué cette semaine, ils demeurent fréquents.
La ville de Goma, en proie à une guerre d’occupation et à une crise humanitaire grave, se retrouve ainsi abandonnée à son sort, alors que la communauté nationale et internationale peine à faire pression pour un retour à la paix et à l’ordre.
Diddy MASTAKI