
Alors que le passeport Congolais est censé coûter officiellement 99 dollars, la réalité est tout autre pour les citoyens vivant en dehors de la capitale, notamment à Butembo, dans l’Est de la République démocratique du Congo. Un habitant de cette ville du Nord-Kivu affirme avoir déboursé plus de 2 000 dollars américains pour obtenir son document de voyage.
Ce montant exorbitant s'explique par la centralisation du système d’émission des passeports à Kinshasa, obligeant les demandeurs à se déplacer jusqu’à la capitale. À la facture initiale du passeport s’ajoutent donc les frais de transport (environ 1 000 $), les dépenses liées au séjour dans la capitale, ainsi que des commissions informelles exigées par certains agents en charge de la procédure.
Le député national Crispin Mbindule Mitono, élu de Butembo, a dénoncé cette situation injuste sur les réseaux sociaux. Il interpelle les autorités sur les discriminations géographiques que subissent les Congolais résidant loin de Kinshasa.
« Pourquoi un citoyen de Butembo doit-il payer vingt fois plus que celui de la capitale pour le même passeport ? », s’interroge-t-il.
Face à la polémique, le ministère des Affaires étrangères a annoncé la mise en place prochaine d’un système de demande en ligne, ainsi que l’ouverture de centres de traitement dans les provinces. Mais pour nombre d’observateurs, ces mesures restent timides et tardives dans un pays aussi vaste que la RDC, où l’accès aux services publics demeure inégal et dépend fortement de la localisation géographique.
Cette affaire relance le débat sur la décentralisation effective des services publics, le coût réel de l’administration pour les citoyens ordinaires et la nécessité de lutter contre la corruption dans les circuits officiels.
Diddy MASTAKI