
La prise de la ville de Goma par le M23-AFC a plongé de nombreux secteurs économiques locaux dans une crise profonde. Parmi les plus durement touchés figure en première ligne le domaine de l'hôtellerie, autrefois un moteur de l'activité économique de la ville de Goma. Aujourd'hui, de nombreux établissements se retrouvent au bord de la faillite, victimes collatérales d'une situation sécuritaire volatile et de ses répercussions directes sur l'activité économique.
Le constat de CONGORASSURE.CD est alarmant : plusieurs hôtels de Goma ne reçoivent pratiquement plus de clients. Cette désertion s'explique par un ensemble de facteurs interdépendants, tous liés à la présence et aux conséquences de la guerre du M23-AFC.
L'une des raisons majeures de cette crise est la fermeture ou la suspension des activités de nombreux projets, organisations non gouvernementales (ONG) et entreprises qui avaient auparavant fait de Goma leur base opérationnelle. Ces entités étaient une source constante de revenus pour les hôtels, accueillant régulièrement leur personnel, leurs consultants et leurs visiteurs. Face à l'insécurité grandissante, beaucoup ont préféré relocaliser leurs opérations ou tout simplement les suspendre, entraînant une chute drastique de la demande en hébergement.
Parallèlement, la fuite de nombreux patrons d'entreprises et d'investisseurs a accentué cette tendance. Inquiets pour leur sécurité et celle de leurs biens, ils ont quitté la ville, emportant avec eux le dynamisme économique et les besoins en services hôteliers qui en découlaient. Cette hémorragie de capitaux et de décideurs a laissé un vide béant dans le tissu économique local.
Un autre facteur non négligeable est la fermeture de l'aéroport international de Goma. Cette infrastructure vitale, qui assurait la connectivité de la ville de Goma avec le reste du pays et le monde extérieur, est désormais inaccessible aux vols. Cette fermeture a non seulement isolé davantage la ville, mais a également tari le flux de voyageurs d'affaires, de touristes et de toute personne ayant besoin d'un hébergement à leur arrivée ou à leur départ de Goma. Les hôtels qui dépendaient en partie de cette clientèle se retrouvent aujourd'hui privés d'une source essentielle de revenus.
Les conséquences de cette situation sont désastreuses pour le secteur de l'hôtellerie. Les taux d'occupation ont chuté de manière spectaculaire, rendant difficile, voire impossible, pour de nombreux établissements de couvrir leurs charges fixes : salaires du personnel, entretien des locaux, factures d'énergie, etc. Face à cette absence de revenus, certains hôtels ont déjà dû réduire leur personnel, tandis que d'autres se trouvent au bord de la cessation d'activité pure et simple.
Cette faillite progressive du secteur hôtelier ne se limite pas aux propriétaires et aux employés de ces établissements. Elle a des répercussions en cascade sur l'ensemble de l'économie locale. Les fournisseurs de denrées alimentaires, de services de blanchisserie, de transport et bien d'autres activités connexes se retrouvent également affectés par la diminution de l'activité hôtelière. C'est un pan entier de l'économie de Goma qui est en train de s'effondrer sous le poids de l'insécurité.
Daudi Amin