Une vive controverse s’installe en Ituri après la montée d'informations évoquant une possible intégration d’éléments de la milice CODECO au sein de la Réserve Armée de Défense (RAD). Une démarche perçue par certains acteurs de la société civile comme une menace pour la justice, la mémoire des victimes et la cohésion sociale.
Dans une lettre ouverte rendue publique le lundi 27 octobre, Deogratias Bungamuzi Kukwabo, Jeune Ambassadeur de la Paix, alerte sur ce qu’il qualifie de « dérive inquiétante » visant à présenter les miliciens de la CODECO comme des patriotes prêts à servir au sein de la RAD.
Selon lui, intégrer ces combattants « constituerait une grave atteinte à la mémoire des milliers de victimes » des massacres, viols, pillages et déplacements forcés attribués à la CODECO depuis plusieurs années. Il estime qu’un tel choix reviendrait à « blanchir les auteurs de crimes contre l’humanité et d’actes assimilables au génocide », tout en affaiblissant la cohésion sociale déjà fragile dans la province.
L’auteur de la lettre insiste sur le chemin vers la paix ne passe ni par « une amnistie de fait » ni par la militarisation d’anciens bourreaux. Il plaide pour un processus conforme aux principes du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS), incluant :
- Le désarmement et la démobilisation des groupes armés ;
- La justice transitionnelle pour les auteurs de crimes graves ;
- Une réinsertion communautaire strictement encadrée ;
- La participation uniquement des groupes engagés sincèrement dans la paix.
Deogratias Bungamuzi appelle les autorités civiles et militaires à redéfinir clairement le mandat de la RAD en Ituri, à protéger l’intégrité institutionnelle des forces armées et à soumettre les responsables de crimes aux juridictions compétentes.
« La paix en Ituri ne peut se bâtir sur l’impunité », avertit-il, appelant à ne pas trahir la mémoire des victimes au nom d’accords politiques ou militaires de circonstance.
Cette prise de position intervient dans un contexte où plusieurs initiatives de pacification tentent de rallier les groupes armés actifs en Ituri. Toutefois, l’idée d’intégrer des miliciens encore accusés de crimes récents dans des structures de défense nationale continue de diviser l’opinion publique.
Joël Heri Budjo