
Le sénateur Jean Bamanisa Saïdi a récemment mené une visite sur le site de l'ancien complexe sucrier de Lotokila, à 85 km en aval de Kisangani, dans le cadre de ses vacances parlementaires. Ce qu'il y a découvert le 17 juillet 2025 n'était qu'un spectacle de désolation, le poussant à dénoncer haut et fort l'abandon de ce qui fut jadis un fleuron industriel.
Érigé dans les années 1980 grâce à une collaboration sino-congolaise, le complexe de Lotokila était un moteur économique vital, employant plus de 2 000 Congolais. Aujourd'hui, ce site emblématique est en ruine, victime de pillages et de destructions. Jean Bamanisa a décrit avec émotion un paysage où les bâtiments sont éventrés, les toitures arrachées, les machines réduites en ferraille et les générateurs volés, le tout envahi par des occupations anarchiques. "C'est une honte nationale", a-t-il déclaré, visiblement ému.
Le sénateur Bamanisa n'a pas mâché ses mots, pointant du doigt la négligence de ses successeurs à la tête de la province. Il les accuse de n'avoir pris aucune mesure pour protéger ou relancer ce patrimoine économique.

"Je condamne tous les gouverneurs qui sont venus après moi. Aucun n’a pris la mesure de l’importance de ce site pour l’économie de la province et par-dessus, celle de toute la RDC. Ce complexe a été totalement abandonné", a-t-il fustigé.
Sous son propre mandat de gouverneur, le complexe avait été racheté par la Province Orientale pour 1,8 million de dollars américains, sur un total de 4,2 millions, suite à un appel d'offres du liquidateur du Ministère du Portefeuille. Une société, PAIL (Parc Agro Industriel de Lotokila sarl), avait été créée, faisant du complexe la première entreprise publique du portefeuille provincial. Des efforts avaient permis de relancer des activités, notamment la culture du riz sur 400 hectares, ce qui avait contribué à une baisse significative du prix du riz local.
"Nous étions sur le point de conclure un partenariat de 15 millions USD pour développer le riz, le manioc et le sucre", a-t-il rappelé, soulignant le potentiel perdu.
Jean Bamanisa est déterminé à ne pas laisser cette situation impunie. Il s'engage à interpeller officiellement le ministre du Portefeuille pour exiger des explications et à porter l'affaire devant le Sénat, avec pour objectif la création d'une commission d'enquête afin d'identifier les responsables de ce désastre économique. Pour le sénateur, "Lotokila n’est pas qu’une ruine, c’est le symbole de l’échec de gouvernances sans vision, sans ambition et sans respect pour le bien commun."
Daudi Amin